Il est amusant de voir comment une simple chaîne de lettres peut déclencher un débat. Pas sur FB ou Twitter, bien entendu, où une discussion prolongée n’est pas possible, mais sur un bon vieux forum, à l’ancienne, où les quelques habitués qui restent ont gardé de vieilles et bonnes habitudes. C’est le cas sur le forum du site Mangaverse où je suis allé faire de la publicité pour mon billet précédent, étant donné le peu de réactions (quantifiées ici sous la forme de clic vers ledit billet) que sa publication sur mon mur FB provoque à chaque fois. Indéniablement, je ne suis pas un blogueur d’influence… 🙂
Néanmoins, cela ne va pas m’empêcher de poster six autres mangas qui ont particulièrement marqué ma vie de lecteur de bandes dessinées :
Je ne me souviens pas comment j’ai découvert Tensai Family Company. Vraisemblablement par moi-même parce qu’en 2005, je suivais de très près l’actualité manga, qu’il s’agissait d’un josei (c’est à dire un manga à destination des jeunes femmes), genre se développant en francophonie à l’époque (grâce aux éditeurs Sakka et Asuka), ce qui changeait des sempiternels shônen / shôjo, et que je connaissais le directeur éditorial d’Asuka (faire partie de Mangaverse pouvait faire son petit effet sur une « carte de visite »). Et namtrac en disait tellement de bien sur le forum… Il faut dire que c’est une série marquante par son thème, celui du monde des affaires, traité à la fois de façon comique tout en restant très crédible, notamment sur les relations professionnelles. C’était la preuve que le manga pouvait traiter de n’importe quel sujet en n’étant pas ennuyant, bien au contraire. Il faut dire que Tomoko Ninomiya a un talent fou pour raconter de façon relativement réaliste, tout en restant amusante, la vie de personnes projetées dans tel ou tel univers. Inutile de dire que je me suis jeté sur Nodame Cantabile lorsque la série est sortie quelques années plus tard et que je me désespère de pouvoir lire un jour un autre titre de l’auteure tant ses deux séries parues chez nous ont fait un flop commercial (pour ne pas parler « d’accident industriel »).
Sans Natth et sa promotion pour le titre en créant un sujet dédié sur le forum de Mangaverse (soyons honnête, c’est certainement l’avis de beanie_xz qui m’a décidé à m’y intéresser car je suis sous influence dès qu’il s’agit de certaines personnes), je ne me serai certainement pas passionné aussi vite pour le travail de Natsumo Ono. À la base, je ne suis pas très manga de samouraïs, je n’ai jamais supporté Vagabond, par exemple. Pourtant, raconté par Ono, c’est formidable de sensibilité et de subtilité, car ici la parole remplace le sabre. De plus, l’ensemble se lit extraordinairement facilement. Ceci dit, la présence de Goyô dans ce top 12 est très vraisemblablement due au fait que j’ai relu la série il y a peu et que j’y ai trouvé le même plaisir de lecture que huit années auparavant. Je n’ai plus qu’à me mettre à relire Gente… Dans le même genre, mais en plus fou et onirique, je ne peux que conseiller Le Samouraï bambou de Tayou Matsumoto (aussi chez Kana, l’éditeur belge étant incontestablement le plus intéressant depuis de très nombreuses années, en tout cas à mes yeux). Et je vais demander à a-yin de me (re)prêter les titres de la mangaka sortis aux USA.
Alors que je décrochais lentement mais sûrement du manga depuis 2012, évolution aggravée par l’arrêt de Mangaverse en 2013 au profit d’Aftermangaverse (mais sans fermeture du forum, mille fois merci à Morgan pour cela), plusieurs titres sont venus me prouver que la bande dessinée japonaise recelait encore de nombreuses perles qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte. Sur FB, j’ai dû choisir entre deux, mais ici, je n’ai pas besoin d’en sacrifier un. Gokusen est marquant par le fait que j’ai regardé l’intégralité de la saison un du drama (série TV tournée avec de vrais acteurs) tiré de la série. Vous n’imaginez pas à quel point ceci est exceptionnel : je ne supporte pas les animés ou les drama, ne supportant pas les images qui bougent japonaises à destination du grand public. Les voix sont insupportables, la qualité de réalisation est insupportable : tout est insupportable à mes yeux dans la culture populaire japonaise… à l’exception des mangas, peut-être étrangement quand on y pense ! Il faut dire que je n’ai aucune fascination pour le Japon, bien au contraire.
Je n’ai jamais été un grand fan de Banana Fish, même si j’avais apprécié la série à l’époque. Mais Kamakura Diary est un manga particulièrement marquant par sa façon d’aborder de façon légère des sujets aussi graves que la mort des proches ou la maladie. En racontant la vie de tous les jours d’une famille uniquement composée de quatre sœurs (leur père est mort, la mère de l’une d’elle est morte, celle des trois autres est partie refaire sa vie en abandonnant ses enfants), Akimi Yoshida déploie un talent fou de narratrice car jamais elle n’ennuie ses lectrices et lecteurs. C’est une nouvelle preuve que le manga au féminin est extrêmement qualitatif et d’une très grande richesse (même si on y trouve une majorité d’œuvres sans autre prétention que celle de détendre « sans prendre la tête » des lectrices). Il n’aura échappé à personne que je ne parle dans ce billet (jusqu’ici) que de titres réalisés par des femmes.
Décidément, l’année 2013 a été particulièrement riche en séries marquantes. Ce n’est pas avec l’Anthologie Moto Hagio que cela va changer, même si techniquement, il s’agit d’une anthologie d’histoires plus ou moins longues. Je me suis intéressé à la mangaka pour son importance historique, pas pour les qualités du Cœur de Thomas qui m’avait laissé de marbre à l’époque de sa sortie. Et en lisant les deux volumes constituant cette anthologie, ainsi que celle sortie au USA (A Drunken Dream), j’ai pu réellement comprendre les raisons de cette réputation, surtout en réalisant un dossier pour du9 (qui a débouché sur une conférence au Festival d’Angoulême 2014). Cette excellente lecture accompagnée d’un gros travail de recherche qui m’a permis de me pencher sur le développement du manga à destination d’un public féminin dans les années 1950-1980 rend cette anthologie particulièrement marquante dans mon parcours.
Terminons ce top 12 par une série très récente. Si 2013 a marqué (en quelque sorte) mon « retour » au manga, ce titre est celui qui m’enthousiasme le plus actuellement. Les raisons ne sont vraisemblablement pas uniquement liées aux qualités du manga et au talent de son auteur. Certes, les personnages sont particulièrement attachants, l’histoire est très bien racontée et le dessin assez réussi. Non, c’est surtout que le titre réussit à créer une identification très forte chez moi, chose qui est très rare, je dois avouer. J’ai toujours eu tendance à rester extérieur au récit, un simple spectateur, et à ne pas me projeter dans tel ou telle protagoniste. En cela, Après la pluie mérite pleinement sa place ici. Si je n’ai pas posté sa couverture sur mon FB, c’est tout simplement que je ne pouvais que garder dix titres (ma sélection en comptait 24, et encore en oubliant des incontournables comme Full Metal Alchemist ou Monster) et qu’il s’agissait du plus récent. De plus, son succès critique et commercial me permettait de ne pas le citer (snobisme quand tu nous tiens).
Voilà pour la seconde partie consacrée à mes douze lectures mangas les plus marquantes (en fait, il y en a bien plus, au moins 26). Il est notable qu’il y a deux ou trois ans, un tel texte se serait retrouvé sur le forum de Mangaverse, alors que maintenant, il sert à alimenter mon blog (c’est vraiment du travail, un blog, surtout quand on veut faire des textes un peu développés). Et encore, je suis en retard, normalement, j’aurai du faire une vidéo pour la poster sur Youtube et en donner le lien sur l’ensemble des réseaux sociaux. Mais que voulez-vous, je reste définitivement 1.0 (à la limite, 1.5) sur Internet ! 🙂
Je ne pensais pas que des séries telles que Goyô, Après la pluie ou Gokusen t’avaient tant marqué. Je me doutais bien qu’on aurait aussi Moto Hagio en commun 😉 . Je continue à un manga par jour sur Twitter (sans aucun succès par ailleurs) et je pense rédiger un texte comme tu l’as fait pour expliquer mes choix. Encore une fois, mes choix ne sont pas mes manga préférés d’aujourd’hui, mais ceux qui ont le plus construit mes goûts d’aujourd’hui ^^ . Après, 10 titres ça fait peu, je dois en avoir 2 ou 3 en plus. Quant à Tensai, je ne pensais pas qu’il était aussi important pour toi 😀
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En dehors de Goyô qui, comme dit dans le billet, doit plus sa place à une relecture récente, ce qui l’a fait monter assez haut dans ma mémoire, Gokusen a vraiment aidé à mon retour au manga en 2013. Et c’est vrai que, tout bien considéré, 10 titres, c’est trop peu, 12 aussi, d’ailleurs…
Et j’ai vu que ces fichues chaînes 2.0 sévissent aussi dans le monde anglo-saxon, un ami de Paul Gravett l’ayant désigné pour une chaîne des 10 romans préférés… Internet 2.0 n’invente pas grand chose mais recycle sous une autre forme les (mauvaises) habitudes anciennes. Par exemple, les fake news existent depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles,
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C’ intéressant tout cela. Je n’aurais jamais pensé que cela soit Gokusen qui t’ai redonné goût au manga ( je ne le dénigre pas du tout , je ne l’ai pas lu mais j’avais bien aimé le drama pourtant surjoué++. Cela m’a juste surprise 😉)
Bon, je vais faire ma liste aussi tiens 😉
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Disons que Gokusen est représentatif de mon « retour » au manga en 2013. Grâce au module « Mes étoiles V2 » de bulledair (j’y note toutes mes lectures BD), j’ai pu vérifier que j’avais lu 280 mangas en 2010, 190 en 2011 et 125 en 2013. J’ai presque lu deux fois plus de titres en 2013 (215) et 2014 (220). C’est grâce à Gokusen, à Kamakura Diary, aux deux anthologies de Moto Hagio, mais aussi Dans un recoin de ce monde, Silver Spoon, Chihayafuru, Kids on the slope, Keroro (tiens, un mangaka masculin !), Naru Taru (un autre, je ne suis pas si sexiste), Opus (oh, un autre…), etc.
En tout cas, j’aimerai bien lire ta liste (avec quelques explications) que ça soit sur ton WorPress ou sur le forum de Mangaverse (pas FB, c’est nul, FB !).
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