Une année de bandes dessinées…

Sans être mauvaise, l’année 2018 n’a pas été excellente en termes de lectures BD en ce qui me concerne. La période voulant ça, voici un petit retour sur un an de lectures d’images qui ne bougent pas.

Mon année BD 2018

2018, année morose ? Année de recul, à tout le moins. En effet, après un léger rebond en 2017, la courbe annuelle de mes lectures est repartie à la baisse. Cela est dû surtout, je pense, à mes emprunts en bibliothèque qui ont chuté. J’ai fait un peu le tour de mon lieu habituel et j’ai aussi manqué de temps (et de courage) pour aller régulièrement un peu plus loin, où il y a malheureusement moins de choix (les deux bibliothèques étant tout de même dans les environs des Gobelins, mon point de chute habituel à Paris). Pire, cela fait quatre mois que je n’ai rien emprunté et je n’ai pas encore renouvelé ma carte… De plus, ce ne sont pas les PDF de presse qui ont pris le relais, Kana n’en mettant plus en ligne depuis cet été (changement de stagiaire ?). Quant à ceux que je récupère auprès des autres éditeurs, ils s’accumulent (pour la plupart) sur mon disque dur sans que je les lise.

Car il y a un autre problème, celui de mon enthousiasme. En me basant sur mes bullenotes, je constate qu’il y a peu de sorties qui ont réussi à obtenir des « petits cœurs » en 2018. Pour ce qui est de la BD franco-belge (et assimilée), il y en a quatre dont deux seulement sont des sorties de 2018. Pour les comics books, quatre aussi, pour une seule sortie en 2018. Enfin, onze pour le manga qui me procure le gros de mes lectures BD. Dans ces onze, il y a deux séries (Après la pluie, soit quatre tomes, et March comes in like a lion, pour trois tomes), ce qui fait qu’il n’y a que six titres en réalité. Tout ceci est bien peu.

Par contre, j’ai passé trois excellentes journées au Festival d’Angoulême en janvier et deux très bonnes demi-journées au SoBD. Tout ceci vient atténuer un peu cette impression de lassitude (ce n’est pas la première fois) qui me reste à l’issue de l’analyse de cette année passée. J’avoue que je place beaucoup (trop ?) d’espoirs dans l’édition 2019 pour trouver un nouveau souffle, un nouvel enthousiasme envers le 9e art.

Petit zoom sur mes titres les plus marquants en 2018

Voici en quelques mots les titres qui m’ont le plus marqué durant cette année 2018 :

March comes in like a lion et Après la pluie

Ce sont vraiment les deux titres qui me font le plus vibrer, et de loin, effet amplifié par l’aspect feuilletonnesque habituel des séries mangas. La première se terminera en 2019 alors que la seconde va ralentir pour cause de parution originale rattrapée, sniff…

Kamakura Diary

Il n’y a eu qu’un tome en 2018 mais je ne vais pas me plaindre du fait de l’absence de sortie en 2017. La série s’étant achevée en aout 2018 au Japon (le dernier tankobon est paru en décembre), nous devrions pouvoir lire la fin en 2019. Bref, de mes trois coups de cœurs de l’année, il n’en restera plus qu’un seul à fin 2019, avec un rythme de sortie ralenti. J’ai intérêt à profiter de l’année prochaine car 2020 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

Holiday Junction

Pour qu’un recueil de nouvelles ait des « petits cœurs », il faut qu’il soit excellent de bout en bout, ce qui est le cas ici. Bravo au Lézard Noir pour nous avoir fait découvrir un aussi talentueux auteur.

Le Maître des livres

Le dernier tome est une belle réussite, même si tout se termine un peu trop bien et un peu trop facilement. Néanmoins, les « petits cœurs » sont mérités pour l’ensemble de la série.

On peut constater qu’il n’y a aucun manga d’action, de sport ou d’aventure, pas de SF, pas de fantastique, pas d’historique, rien que de la vie de tous les jours (certes, romancée). Ce n’est pas qu’un Zéro, un Sky-High Survival, un Pavillon des hommes, un Peleliu ou un Sunny Sunny Ann! ne soit pas bon, mais il a manqué à tous ces titres (et bien d’autres) un petit quelque chose.

Dernier point, on peut remarquer qu’en matière de manga, Kana est de loin l’éditeur qui m’intéresse le plus. Sur 78 titres avec une bullenote de 4 ou 5 (sur 5), il y a 33 Kana pour 7 Akata (+9 si on rajoute Princess Jellyfish chez Delcourt) et 6 Lézard Noir. Les autres sont à 2 ou 1.

Cul de Sac

Il s’agit de la seule bande dessinée américaine publiée en 2018 qui m’ait vraiment emballée, sans surprise puisque c’était aussi les « petits cœurs » pour les deux premiers tomes. Et comme l’intégrale est terminée, il faudra trouver autre chose en 2019.

The Shadow Hero, Far Arden et Bêtes de somme

Trois rattrapages qui se sont révélés être plus qu’excellents. Mais entre un one-shot, deux séries en pause (quoique ça bouge un peu aux USA pour Bêtes de somme), ce sont des coups de cœurs sans lendemain. J’ai eu aussi de bonnes surprises avec Étoile du Chagrin (encore un titre en pause), American Born Chinese, Louis Riel – L’Insurgé (des one-shots). Sans la nouveauté Motor Girl (un dernier one-shot pour la route ?), il n’y aurait eu que des « vieilleries ».

Ralph Azham et Tyler Cross  Miami

Année 2018 nettement en recul par rapport à 2017 où cinq nouveautés avaient eu les « bullepetits cœurs » (pour un total de onze). Deux séries très efficaces (un tome 11 et un tome 3) ont donc sauvé une année morose sur le plan de la bande dessinée franco-belge (et assimilée).

La mémoire dans les poches et Le Fantôme de Gaudí

Deux rattrapages (le premier, un tome 3, date de 2017 et l’autre, un tome unique, de 2016). Tout cela fait vraiment peu. J’avais fondé de grands espoirs dans Malaterre, L’Espoir malgré tout et La Princesse et l’Archiduc, mais il a manqué un petit quelque chose à ces trois nouveautés. J’ai par contre été agréablement surpris par deux titres de la collection Sociorama (La Petite mosquée dans la cité et Vacances au Bled), ainsi que par Féministes – Récits militants sur la cause des femmes. Concernant ce recueil, en général je ne suis pas client des publications « militantes », les trouvant assez faibles en intérêt. Ce n’a pas été le cas ici et c’est remarquable. Dans un autre genre (mais alors, vraiment différent), j’ai beaucoup aimé Héroïque fantaisie.

Voilà, on a déjà fait le tour de mes lectures les plus marquantes en 2018. J’avoue ne pas être particulièrement optimiste en 2019, mais on verra bien. En tout cas, ça ne m’empêchera pas d’apprécier la prochaine édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, tant j’ai hâte d’y être étant donné le programme annoncé et la certitude de ne pas être déçu.

300 expositions – 15 ans !

Ayant atteint ce dimanche ma 300ème exposition (en réalité, j’en ai fait deux ou trois de plus mais elles ne sont pas référencées, n’ayant aucune photo me permettant de les dater précisément), je me suis dit qu’il fallait marquer le coup par un petit retour en arrière avec un instant « nostalgie ».

Pour commencer, je ne comptabilise que les expositions artistiques (au sens large) temporaires (ce qui élimine toutes les expositions / collections permanentes) qui durent plus longtemps que le festival auxquelles elles peuvent être rattachées (comme au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême ou à Quai des bulles). C’est ainsi que cette année, j’ai pris en compte l’exposition Tezuka au Musée d’Angoulême (qui durait plus longtemps que le festival) mais pas celle de Naoki Urasawa à l’Espace Franquin (qui ne durait que les 4 jours de la manifestation). Par contre, cette même exposition a été comptabilisée lorsque nous sommes allés la voir à l’Hôtel de Ville de Paris.

Je n’ai pas souvenir (mais je n’ai pas de mémoire) d’avoir fait des expositions artistiques temporaires avant de faire des sorties mangaversiennes, c’est pour cela que je ne retiens ici que celles rentrant dans ce cadre, c’est-à-dire faites avec au moins une personne pouvant répondre au critère « Mangaverse » même si je ne suis pas d’une rigueur intellectuelle très stricte en ce qui concerne Shermane qui n’a pas de compte sur le forum de Mangaverse (notre petit lieu de discussions virtuelles), honte à elle ! Pourtant, je la comptabilise dans notre petit groupe.

De même, je compte double les expositions vues deux fois à partir du moment où elles rentrent dans les critères exposés ci-avant. Au fil de ces quinze années de visites, il y a onze expositions que j’ai vue deux fois à l’identique (mais avec des personnes différentes et à des dates différentes) dont la 300ème, trois que j’ai vue deux fois mais dans des configurations, des lieux, des dates différentes (généralement, il s’agissait d’expositions proposées en festival de BD puis à Paris). Il y a aussi deux expositions vues à Angoulême (mais qui étaient organisées juste pour la période du festival) revues un peu plus tard à Paris. Bref, vous l’aurez compris, je n’hésite pas à voir et revoir.

De plus, cela ne représente pas réellement 15 années d’expositions. Disons que la 300ème a été visitée au début de la 15ème année, puisque la toute première date du 3 décembre 2004. J’espère que vous me pardonnerez ces petits écarts avec la rigueur intellectuelle qui me caractérise habituellement (ha ha !) car je me le suis permis afin d’avoir un titre plus efficace.

À cette occasion, car c’est à la mode lorsqu’on est en fin d’année, je me suis amusé à faire une sorte de petit bilan en retenant les quinze expositions qui m’ont le plus marqué sur les trois cents et quelques visitées.

Les photos qui accompagnent ce bilan ne sont pas toutes d’une grande qualité, aussi bien technique qu’artistique. Il faut dire que j’ai mis du temps à avoir du matériel réellement efficace dans les conditions très difficiles que l’on rencontre dans les expositions où l’éclairage est souvent (très) faible. Il faut aussi composer avec les interdictions de prendre des photos (ne pas se faire remarquer nécessite d’avoir un APN très discret). Toutefois, il est évident qu’au fil des années, j’ai progressé dans l’art du cadrage, ce qui permet de donner plus d’impact à mes photos (volées ou non).

Images du Monde flottant au Grand Palais (03/12/2004)

La première, donc la plus marquante. Nous étions cinq pour la visiter, ce qui n’était pas mal pour un vendredi après-midi. En plus,d’autant que je me souvienne, elle était d’une grande qualité. En tout cas, ça a été une découverte visuelle, même en étant gros lecteur de mangas, tant je n’étais pas familiarisé (sans les ignorer) avec les estampes. À l’époque, je n’achetais pas encore de catalogue mais j’avais pris le petit livret qui était proposé, ainsi qu’un jeu de cartes postales représentant des estampes célèbres. Ce n’est qu’assez récemment que j’ai acquis le catalogue, d’occasion.

Star Wars à la Cité des Sciences et de l’industrie de Paris (25/05/2006)

Les années 2005 et 2006 se sont révélées être chargées avec pas moins de treize expositions sur deux ans (cela fait sourire, c’est ce que l’on fait maintenant en trois mois). C’était aussi l’époque bénie des grosses expos à La Villette (depuis quelques années, la Cité multiplie les petites expositions, et elles se sont toutes révélées être assez décevantes, même si elles ne sont pas toutes dénuées d’intérêt). Nous étions une dizaine pour celle-ci, ce qui est beaucoup, surtout ces derniers temps. Je me souviens d’avoir apprécié le nombre et la diversité des pièces exposées alors qu’il s’agit de cinéma avant tout.

Il était une fois Walt Disney au Grand Palais (12/11/2006)

Encore dix personnes pour aller au Grand Palais afin de réaliser à quel point Disney s’est inspiré des contes et de la culture européenne pour réaliser ses longs métrages d’animation qui ont marqué le monde entier. Il était particulièrement intéressant de voir tout le processus de création, à commencer par les premières recherches graphiques, souvent très éloignées (tout en proposant une base) de l’univers visuel final. Là aussi, je n’ai acheté le catalogue (d’occasion) que des années plus tard, une fois pris de collectionnite aigüe.

Estampes japonaises à la Bibliothèque nationale de France (07/02/2009)

Retour à la culture japonaise grâce à la collection d’estampes de la BNF. L’arrivée sur Paris de beanie_xz a relancé le rythme des expositions qui s’était très fortement ralenti en 2007-2008 pour notre petit groupe de mangaversien·e·s . Il faut dire que notre sino-suissesse est amatrice de ce genre de sorties. Peut-être que cela lui permettait de s’éloigner de l’internat de HEC pendant les week-end (les dimanches, la célèbre école est quand même un peu loin de la « culture » et de toute activité similaire sur son plateau isolé). J’ai longtemps regretté de ne pas avoir acheté le catalogue, cette erreur étant réparée depuis peu, ce qui a été d’autant plus facile qu’il est encore disponible en neuf.

cent pour cent au Musée de la bande dessinée d’Angoulême (31/01/2010)

Il s’agit de la première exposition réalisée dans le tout nouveau Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême. Elle consistait en un dialogue entre cents planches issues du fond du Musée avec cent autres créées pour l’occasion. C’est forcément un petit comité (5 personnes quand même) qui a pu la visiter dans le cadre du FIBD 2010. Je me souviens encore d’avoir été surpris par la taille de certaines bandes de daily strips américains, par exemple celles de Prince Valiant réalisées par Hal Foster. Une très belle exposition, une belle réussite pour une première, qui m’a fait acheter sur place le catalogue. Il y a eu une suite très anecdotique…

Science (et) fiction, aventures croisées à la Cité des sciences et de l’industrie (10/04/2011)

Ayant un passé de gros lecteur de SF avec des goûts affirmés et étant peu ouvert aux auteur·e·s pré années 1980 ainsi qu’aux nouvelles têtes de gondole des années 2000, sans oublier que tout ce qui n’est pas roman a du mal à capter mon attention, on pourrait penser que je n’apprécierais pas un tel thème. Et pourtant, si ! Il s’agissait de la dernière grosse exposition (située sur deux niveaux) organisée par la Cité et elle était vraiment réussie. Dommage que le catalogue ne reprenne pas parfaitement l’ensemble des pièces (très variées) exposées. Par contre, le rédactionnel est intéressant à lire, ce qui est (peut-être) le principal.

Hokusai – Retrospektive au Martin-Gropius-Bau à Berlin (30/10/2011)

Il s’agit de la première (et pour l’instant la seule) exposition vue hors de France. J’ai bien été voir Le Journal de Spirou, les aventures d’une rédaction au Musée de la BD de Bruxelles en 2008 mais j’étais seul (sniff). Comparée l’exposition Hokusai organisée par le Grand Palais quelques années plus tard, celle de Berlin avait une scénographie plus simple, et moins de pièces (ce qui n’est pas réellement un souci car la différence entre 350 et 500 ne se voit pas, à ce niveau). Cependant, l’œuvre de Hokusai était appréhendée de la même façon, pour ce que je m’en souvienne. Et puis, moi, du moment qu’il y a La Grande vague de Kanagawa, je suis content !

Phares au Musée national de la Marine (30/04/2012)

L’un d’entre nous (Tanuki, sans vouloir balancer) voulant absolument aller au Musée de la Marine à Paris, donc pourquoi ne pas aller voir Phares ? Ce fut chose faite et cette exposition s’est révélée être une grande réussite. Dommage qu’il n’y avait pas de réel catalogue, juste un album que j’ai fait la bêtise de ne pas acheter (la librairie était fermée lors de notre visite, pour ma défense). Didactique, diverse, artistique, les phares de France ont été superbement mis en valeur. Dommage que les manifestations suivantes n’aient pas été au même niveau…

La Mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette aux Arts Décoratifs (04/08/2013)

Cette exposition a été marquante par sa nature combinée à son intérêt. En effet, il s’agit là de mode et, contrairement à ce qu’une certaine et certains peuvent penser, c’est intéressant, surtout lorsque c’est remis dans un contexte historique ou sociologique. D’ailleurs, le Musée des Arts Décoratifs est un lieu où nous nous rendons très régulièrement depuis cinq ans, que ce soit pour voir du design ou de la mode (par exemple Korea Now! ou Tenue correcte exigée). Cela permet de s’ouvrir à d’autres formes d’art : l’art décoratif est certes plus artisanal (c’est-à-dire reproductible) mais n’est pas moins pensé ou maitrisé techniquement que les arts appliqués ou plastiques.

Les mondes de Gotlib au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (27/07/2014)

Cela fait longtemps que je ne lis plus les bandes dessinées de Gotlib (Dingodossiers, Rubrique-à-Brac, etc.) mais l’artiste m’a marqué dans ma jeunesse. Je n’allais donc pas rater une exposition lui étant consacré. Bien m’en a pris car celle-ci était bien conçue : l’ordre chronologique est certes classique mais ça reste le plus efficace pour présenter l’œuvre d’un artiste. Surtout, en plus de mieux connaître la vie de Gotlib (dont l’enfance a été rendue plus que « difficile » par les Nazis), nous avons eu le droit de voir de belles planches originales d’un sacrément bon dessinateur.

Mona Hatoum au Centre Pompidou (26/07/2015)

Nous étions venu·e·s pour la rétrospective sur Le Corbusier. Cependant, le clan des « rapides » (l’une et l’un d’entre nous en plus de votre serviteur) en a profité pour faire l’exposition de l’autre Galerie. Bien nous en a pris tant j’estime que c’est celle qui m’a « éveillé » à l’art contemporain pour lequel j’ai toujours eu beaucoup de mal à trouver un quelconque intérêt. Le message artistique mais aussi politique de l’artiste a réussi à me parler et à me faire comprendre que tout n’est pas à jeter dans l’art contemporain (si si, je vous assure ☺). Je n’ai pas hésité un moment quand j’ai trouvé le catalogue d’occasion quelques années plus tard. Nul doute que son travail m’a permis d’apprécier Women House à la Monnaie de Paris quelques années plus tard.

Beauté Congo à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (25/10/2015)

Je dois avouer très mal connaître l’art africain, et principalement par le biais de Branly (qui fait surtout dans les « arts premiers »). Cela a donc été une surprise (excellente) de découvrir que le Congo (la RDC en l’occurrence) est un foyer artistique majeur depuis plusieurs décennies. C’est ainsi que nous avons pu apprécier de nombreuses peintures, photographies et même des installations d’un style différent. L’écran géant proposant des entretiens avec certains artistes exposés (du moins, ceux encore vivant car l’espérance de vie semble bien courte au Congo) apportait un plus précieux pour mieux appréhender les œuvres proposées.

Le Grand Orchestre des Animaux à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (27/11/2016)

Qui eut cru que je serai capable de rester plus d’une heure dans une salle très sombre à écouter des bruits d’animaux ? Pas moi ! Cependant, c’était sans compter sur la créativité de la Fondation Cartier pour nous organiser une exposition originale, variée et surprenante. Cet organisme sait proposer des manifestations intéressantes et propose une vision de l’art contemporain qui m’attire bien plus que celle du Palais de Tokyo qui semble préférer ce que j’appelle « le foutage de gueule » contemporain, même si on peut y voir des installations qui ne semblent pas totalement inintéressantes. Quoiqu’il en soit, c’était une excellente exposition, marquante à plus d’un titre. Notons que le catalogue est judicieusement accompagné d’un CD audio

Jardins au Grand Palais (18/06 et 21/07/2017)

Je suis assez fan des expositions au Grand Palais. Certes, elles ne sont pas toutes réussies mais on en a toujours « pour son argent », si j’ose dire. Et l’institution sait sortir des sentiers battus, comme l’exposition Carambolages nous l’avait démontré en 2016. Il en est de même avec Jardins. Un thème plutôt original, une scénographie intéressante, une grande variété d’œuvres assez éloignées de ce que l’on a l’habitude de voir. Voilà pourquoi je trouvais dommage que certaines personnes ne puissent pas la voir pour une simple raison de « fainéantise » (et oui, c’est dur les expos le dimanche matin) ☺ et que j’ai organisé deux séances en l’espace de cinq semaines, dont une «  nocturne  » (surtout que ça ne me coûtait rien, vive le passe Sésame).

Artistes et robots au Grand Palais (27/05/2018)

En 2018, il y a eu d’autres sorties que j’aurai pu retenir dans la liste mais j’en ai déjà parlé sur mon WordPress. Je préfère donc évoquer une exposition surprenante, intéressante et préfigurant peut-être le futur de l’art contemporain (futur peu plaisant, si vous voulez mon avis, et pas que dans le domaine artistique). J’ai un peu forcé certains de mes petits camarades pour aller voir cette exposition pour deux raisons : pour amortir mon passe Sésame, il faut faire toutes les expos du Grand Palais (je n’ai pas un CE qui m’en paye la moitié) et j’avais trouvé le catalogue en état neuf à un prix défiant toute concurrence à Gibert Joseph (les joies du Service de Presse revendu dans la foulée). Malgré ces raisons très triviales, nous avons eu droit à une manifestation très intéressante et variée. Une excellente surprise à l’arrivée.

En conclusion…

Comme prévu, j’ai dû écarter de nombreuses expositions dont j’aurai aimé parler comme Miyazaki-Mœbius à la Monnaie de Paris (2005), Turner et ses peintres au Grand Palais (2010), Keith Haring / The Political Line au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2013), Korea Now! aux Arts Décoratifs (2015), Gao Bo. Les offrandes à la Maison Européenne de la Photographie (2017) ou Être moderne : le MoMA à Paris à la Fondation Louis Vuitton (2018), mais il fallait faire un choix.

J’aurais aussi pu parler des expositions que j’ai détesté faire comme 1000 Singapour à la Cité de l’architecture et du patrimoine (2015), Cy Twombly au Centre Pompidou (2017) ou Les Forêts natales au Musée du quai Branly (2018), mais pourquoi montrer mon manque de culture ou de goût ☺…

Ceci dit, faire autant d’expositions m’a permis d’améliorer ma sensibilité à certaines formes d’art (mais c’est loin d’être gagné), d’affiner mon goût plastique (une peinture ou un dessin ou une sculpture de femme nue, même non figurative, ou un vase tripode anthropomorphe me sont toujours indispensables pour juger qu’une exposition est réussie ou non, ha ha !) et de mieux comprendre le monde des expositions et des galeries. La curiosité est ici la principale des qualités et j’ai bien l’intention de continuer à la cultiver en 2019 ! Après tout, c’est le slogan de Mangaverse, n’est-ce pas ?

J’en profite pour remercier mes compagnonnes et compagnons d’expositions, tout particulièrement Taliesin, beanie_xz, Shermane, manu_fred, Tanuki et Romiz, sans oublier Shikata ga nai, Adrien de Bats, Sweetpasta et Gally ainsi que tout·e·s les autres.

Manga ↔ Tokyoïsmes

De nombreuses expositions se déroulent actuellement sur Paris dans le cadre de Japonisme 2018. Ces trois derniers mois, et avant d’aller voir Japon japonismes aux Arts décoratifs, nous avons pu aller à Jômon, naissance de l’art dans le Japon préhistorique à la Maison de la Culture du Japon à Paris, Meiji, splendeurs du Japon impérial (1868-1912) au Musée Guimet et Manga ↔ Tokyo à la Grande Halle de la Villette. Or, des trois, c’est bien la dernière qui s’est révélée être la plus intéressante, peut-être parce que c’était celle dont j’en attendais le moins (du fait de son positionnement supposé grand public), les deux autres se révélant être plus ou moins décevantes (Jômon pour sa petitesse, son manque de variété et de mise en contexte, Meiji pour son déséquilibre entre une première partie intéressante, une deuxième répétitive et une dernière un peu gavante).

Une introduction monumentale

La première salle (autour de laquelle toute l’exposition s’organise) en jette, et pas qu’un peu. En effet, une maquette au 1/1000de la ville de Tokyo (de sa partie principale, plus exactement, ce qui représente tout de même une surface de 16 mètres sur 22) surplombée par un écran géant passant en boucle des extraits de films de jeux vidéo et d’animés. Impressionnant ! Plusieurs cartels et écrans sont positionnés autour de la maquette, situant lesdits extraits dans la ville et les présentant. Efficace ! Après en avoir fait le tour, admiré la tour de Tokyo, et les différents cours d’eau qui traversent la mégapole, il ne reste plus qu’à rejoindre le premier des cinq îlots thématiques situés à l’étage.

Une exposition en mezzanine

En effet, il faut aller en mezzanine pour entrer dans le vif du sujet. La première zone nous présente un petit groupe de destructeurs de la ville de Tokyo, à commencer par le célèbre Godzilla. En effet, la capitale du Japon a subi plusieurs destructions (et donc reconstructions) au cours des siècles passés, de l’incendie d’Edo en 1657 au tremblement de terre de 1923, sans oublier les bombardements américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Par le biais de différentes reproductions (il y a très peu d’originaux d’exposés), malheureusement parfois un peu trop petites (surtout quand il s’agit de photos), l’exposition nous montre comment le passé se retrouve dans la pop culture actuelle, que ce soit les films, l’animation et des jeux vidéo. Je dois avouer que j’ai eu très peur que le manga (papier) soit le grand oublié et que sa présence soit uniquement liée à ses adaptations sur d’autres supports, tel l’incontournable Akira. Heureusement, mes doutes ont été rapidement dissipés, et même se sont révélés sans fondements, tant la bande dessinée est présente et variée dans les trois zones suivantes. Il faut aussi avoir en tête que le terme « manga » est à comprendre ici au sens large, c’est-à-dire englobant toute la « culture manga ».

Une exposition manga très pointue

L’exposition a pour ambition de présenter, certes de façon rapide, l’origine du manga, en remontant aux peintures sur rouleau, puis en proposant des reproduction d’estampes figurant Edo, et enfin en revenant sur l’apparition des bandes dessinées proprement dite au début du XXsiècle. Les visiteurs d’expositions d’estampes comme notre petit groupe ont déjà vu à de nombreuses reprises les œuvres de Hiroshige, mais il est toujours plaisant de revoir quelques illustrations d’époque. La partie la plus intéressante est incontestablement constituée des trois espaces consacrés à la vie à Edo puis Tokyo par le biais de nombreuses planches de manga (ainsi que quelques jeux vidéo sans grand intérêt et quelques films et séries d’animation réputés).

Plus d’une trentaine de mangaka nous sont présentés par le biais de planches au style varié (des reproductions d’originaux). Concernant les ouvrages (plus ou moins) disponibles en français, nous avons là une belle brochette d’auteur·e·s : Osamu Tezuka (L’Arbre au soleil), Taiyou Matsumoto (Le Samouraï bambou), Hinako Sugiura (Oreillers de laque), Shotaro Ishinomori (Sabu et Itchi), Moyoko Anno (Sakuran), Nobuhiro Watsuki (Kenshin le vagabond), Yu Takita (Histoires singulières du quartier de Terajima), Asao Takamori / Tetsuya Chiba (Ashita no Joe), Tsukasa Hojo (City Hunter), CLAMP (Cardcaptor Sakura), Chica Umino (March comes in like a lion), Inio Asano (Solanin), Kyoko Okazaki (River’s Edge), Jirô Taniguchi (Au temps de Botchan et Le Gourmet solitaire), Mazayuki Kusumi / Estsuko Mizusawa (Mes petits plats faciles by Hana) et Shimoku Kio (Genshiken).

Cependant, pour les amatrices et amateurs de manga, le plus intéressant se trouve sans aucun doute dans les nombreuses planches de titres non traduits chez nous : Hinako Sugiura (Sarusuberi), Erica Sakurazawa (Love so special et Lovely!), Kei Ichinoseki (Hanagami Sharaku), Ei Hirosasawa / SatooTomoe (Ai to honô),  Ryohei Saignan (San-chôme no yûhi), Shinji Nagashima (Fu-ten), Waki Yamato (Haikarasan : Here come Miss Modern), Osamu Akimoto (Kochikame pour faire court), AtsushiKamijo (To-Y), Seizo Watase (Tokyo Eden), Takashi Ikeda (34-sai Mushoku-san),  Jigu Takao (Kûneru Maruta), Ken Wakui (Shinjuku Swan) et Yori Kurokawa (Hitorigurashi no OL wo kakimashita).

Cela représente beaucoup d’œuvres couvrant les années 1960 à 2010, avec une belle représentation du pan féminin du manga, ce qui est très rare dans les expositions mangas présentées en France, y compris au Festival d’Angoulême, qui est pourtant la référence en matière de qualité et d’érudition. On voit à ce qui n’est pas un détail que le commissariat est ici japonais.

Une dernière partie plus grand public

La partie dédiée aux personnages dans la ville permet de voir de nombreuses représentations de la pop-culture japonaise que l’on peut voir dans la ville de Tokyo. Cela va des statuettes traditionnelles comme les maneki-neko ou un tanuki à la figurine géante de Gundam (20 m. de haut, ce qui n’est pas le cas de la maquette proposée ici, bien entendu) ou celle de Rei Ayanami (à taille plus humaine). Il est aussi possible de faire un tour virtuel de métro tokyoïte, de visualiser une vidéo du Comiket d’été ou de se faire une petite idée de ce que l’on peut trouver dans un combini. Amusant mais vite expédié…