Vous reprendrez bien un peu de japonisme ?

Japonismes2018

Vous n’êtes pas sans ignorer que l’année 2018 est aussi celle des « japonismes » (il n’y a pas que le football dans la vie). En effet, depuis le mois de juillet, il se déroule (principalement sur Paris) une série d’activités culturelles liées aux 160 années des relations diplomatiques entre la France et le Japon. Bien entendu, ce sont principalement les expositions qui m’intéressent. Elles sont nombreuses et variées, d’autant que celles en relation avec la culture ou la société japonaise ne sont pas toutes rattachées à Japonisme 2018 . D’ailleurs, je n’ai pas attendu cet ensemble de manifestations pour suivre de près celles qui sont en rapport avec le Japon.

Prenant conscience à la mi-aout qu’il y avait trois expositions (dont une seule fait partie du programme) qui allaient se terminer début septembre, je me suis retrouvé à me faire une sorte de grand week-end « japonisme ». C’est ainsi que je suis allé voir « teamLab : Au-delà des limites », « Mangasia, merveilles de la bande dessinée d’Asie » et « Junya Ishigami – Freeing  Architecture », soit une exposition d’art contemporain, une autre de bandes dessinées et, enfin, une d’architecture. Si ce n’est pas de la variété, ça… De plus, il devrait y avoir au programme d’ici la fin de l’année des visites à la MCJP, aux Arts décoratifs, à Guimet et à Branly, sans oublier un petit passage à Beaubourg.

teamLab : Au-delà des limites

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C’est la première exposition de la série, la seule des trois, donc, qui soit réellement rattachée à Japonismes 2018. J’y suis allé surtout pour pouvoir faire des photos sortant un peu de l’ordinaire. Mission réussie même si elles sont assez banales, les plus intéressantes étant quelques portraits de Shermane, que vous ne pourrez pas voir, cette dernière désirant garder un certain anonymat. Seul·e·s quelques privilégié·e·s ont pu voir ces fameux portrait bariolés de couleurs.

En effet, quand je compare mes création aux meilleures photos disponibles sur Instagram, je ne peux constater que, si une grande majorité sont plus mauvaises que les miennes (mais d’un point de vue technique uniquement), il y en a beaucoup qui sont largement plus réussies, tant sur le plan artistique que sur celui de la réalisation (elles n’ont pas dû être prises au smartphone).

À part ça, j’ai quand même trouvé l’exposition trop chère pour ce qui nous était présenté. Il n’y a que sept « salles » et il est nécessaire de rester longtemps dans chaque, d’avoir la patience de voir évoluer les scènes projetées, de réussir à s’immerger dans l’ambiance proposée par les artistes qui ont conçu les installations. Je n’ai eu rien de tout ça et je me suis relativement rapidement ennuyé malgré le côté spectaculaire des vidéo projections. Néanmoins, ça reste une expérience intéressante ; j’ai fait des expositions d’art contemporain qui m’ont bien plus déplu que celle-ci (Cy Twombly, par exemple).

(teamLab : Au-delà des limites à La Grande Halle de la Villette, du 15 mai au 9 septembre 2018)

Mangasia, merveilles de la bande dessinée d’Asie

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Ambiance totalement différente avec l’exposition Mangasia. Certes, j’avais acheté en son temps l’ouvrage éponyme de Paul Gravett (commissaire de la présente manifestation). Cependant, rien ne vaut la possibilité de voir réellement les ouvrages, de pouvoir apprécier leur taille, leur ancienneté, et de profiter d’une certaine mise en ambiance. Pour le coup, il fallait être motivé car il était nécessaire d’aller à Nantes (pour une fois qu’une exposition BD d’importance ne se déroule pas à Paris ou à Angoulême). Heureusement que ma complice de bande dessinée a-yin est toujours partante pour des virées plus ou moins lointaines dès que ça concerne un de ses sujets de prédilection.

Le point fort de cette exposition est la présence de nombreuses bandes dessinées venues de pratiquement toute l’Asie (principalement de l’Est et du Sud-Est, mais aussi du Sud). Il est vraiment intéressant de voir la production thaïlandaise ou philippine (par exemple), totalement ignorée par l’Occident. Si la Corée du Sud était peu présente, il y avait une place assez importante donnée aux Chines (RPC, HK, Taïwan), plutôt dans une perspective historique et il y avait une prépondérance du manga. De ce fait, il y avait un réel déséquilibre entre les différentes nationalités. Toutefois, il est facile de comprendre la raison de cette hégémonie du Japon. Comme j’en ai convenu dans la partie commentaires avec Rémi I., l’auteur d’un billet sur l’exposition, le Japon a phagocyté les marchés BD de toute l’Asie de l’Est et du Sud-Est, les Philippines étant bien le seul pays à rester sous l’influence des comics (au point que la BD s’appelle Komiks, là-bas). Et cette prédominance s’est faite aussi stylistiquement. Il suffit de voir le nombre de « manga-like » produit en Corée du Sud, à Hong-Kong ou à Taïwan (pour parler des marchés que l’on connait le mieux en France par leurs traduction et la présence de ces pays au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême).

De l’exposition « Mangasia », outre un aspect légèrement « foutraque » de l’exposition qui mélangeait assez allégrement les époques et les origines géographiques à l’intérieur de zones thématiques, je retiens surtout une belle diversité, une volonté de laisser une place certaine à la bande dessinée féminine (c’est surtout vrai pour le manga) et une belle section dédiée au sexe dans la bande dessinée asiatique. Ainsi, Paul Gravett n’a pas laissé de côté les représentations érotiques (voire pornographiques) à destination d’un public masculin (hétéro ou homo) ou à destination des femmes (hétéro ou homo, là aussi). Les expositions de BD (ou les articles de presse) ont tendance à oublier les femmes (les homos aussi, sans parler des autres minorités) dès que cela fait sortir d’une vision masculine du sexe. Notons que ce pan de la bande dessinée est très largement absent de l’ouvrage Mangasia.

Sinon, mention spéciale pour les planches d’est em, de Takako Shimura et de bien d’autres qui ont comblé de joie a-yin. Par contre, ça « manquait grave » d’œuvres de Moto Hagio et ça mériterait presque un carton jaune, là… ha ha ! Un autre point très appréciable de l’exposition est la tentative de montrer le manga au-delà de sa forme papier. Si l’évolution vers le net n’est pas très développée (les webtoons coréens, la prépublication en ligne au Japon, etc.), les trois projections d’extraits d’animés et de drama (série en prises de vue réelle), le petit jeu avec un Gundam et la projection de deux reportages tirés de la série Urasawa Naoki no Manben (des rencontres entre Naoki Urasawa et un·e mangaka), surtout celui consacré à Akiko Higashimura, proposent une diversité intéressante.

(Mangasia, merveilles de la bande dessinée d’Asie au Lieu Unique à Nantes, du 30 juin au 16 septembre 2018)

Junya Ishigami – Freeing  Architecture

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Passons à un domaine complètement différent, celui de l’architecture, japonaise en l’occurrence. Ce n’est pas la première fois que nous nous intéressons à l’architecture (il s’agit d’un des beaux-arts après tout). Je me souviens de l’excellente exposition photo « Japon, l’archipel de la maison » à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris en 2015. Junya Ishigami est un jeune architecte qui a une vision très personnelle de ce à quoi doivent ressembler les bâtiments. Il réussit à allier design et architecture, ce qui donne des résultats assez époustouflants (pratique, je ne sais pas, mais impressionnant, c’est certain).

En règle générale, les expositions de la Fondation Cartier sont intéressantes car sortant souvent des sentiers battus. Il s’agit d’art contemporain loin des « fumisteries » (selon mon point de vue tranché et un peu fermé) que l’on peut voir régulièrement au Palais de Tokyo ou à Beaubourg. Celle-ci ne nous a pas déçus, avec de nombreuses maquettes expliquées par des cartels bien remplis, sans oublier des plans, vidéos ou photos et autres supports visuel. Comme le faisait remarquer manu, un des membres du petit groupe de mangaversiens fans d’exposition, on est cependant en droit de se demander si nombre des œuvres exposées ne risquent pas de rester à l’état de projet. En effet, la plupart ne sont pas achevées et ne semblent même pas être commencées.

La petite salle du sous-sol est parfaite pour s’endormir tant elle est sombre et qu’une des deux vidéos (41 minutes) nous berce de sa voix monotone (une Chinoise parlant un anglais très clair, rendant le sous-titrage en français inutile) et parfaitement soporifique. L’entretien (en japonais, sous-titré en français et en anglais), d’une durée de 21 minutes, passe heureusement nettement mieux. Quoi qu’il en soit, j’ai pu faire des photos intéressantes, malgré la foule (pourtant nous sommes venus tôt un dimanche matin). Voilà qui prouve, s’il le fallait, le succès de l’exposition, succès claironné par la Fondation Cartier, succès valant une prolongation qui nous a permis d’y aller !

(Junya Ishigami – Freeing Architecture à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, du 30 mars au 9 septembre 2018)

2 réflexions sur “Vous reprendrez bien un peu de japonisme ?

  1. Ah ben, j’avais vu récemment un très court article sur la première expo, mais au japon, et ça m’avait attiré l’œil. Merci pour les photos quand même, elles sont super je trouve, même si prises au smartphone. ça donne une bonne idée de ce que c’était sur place. Dommage que ça t’ait ennuyé, moi je crois que ça m’aurait bien plu xD
    Pour la seconde, en effet, Nantes xD Faut y aller ! Heureusement que tu as une comparse 😀 L’idée de voir des BD d’autres pays asiatiques que le Japon me plaît, par contre (forcément, je me sens un peu blasée côté manga…) en particuliers ceux don’t on entend jamais parler comme les Philippines…
    La troisième m’a l’air bien aussi, en plus je suis fan d’architecture en particulier japonaise. les maquettes me plaisent rien qu’à voir les photos 😀
    C’est dans ces moments que je regrette de ne plus habiter à paris. Dammit !

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  2. Merci pour le commentaire. Les photos ne sont pas prises au smartphone, au contraire. Impossible d’avoir un tel rendu, ou alors, avec les modèles les plus hauts de gamme orientés photo. J’ai utilisé un Canon G7 X, un compact expert, qu fonctionne pas mal dans les basses lumières (et qui propose le format RAW pour un meilleur traitement sous Photoshop).

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