
Organisé par une association culturelle hongkongaise, le FFHKP en est à sa troisième édition. Il s’est déroulé sur cinq jours, du 14 au 19 novembre, et a proposé sept films dont six récents diffusés pour la première fois en France, un documentaire et deux cours métrages. Comme l’année précédente, le festival a eu la bonne idée de se dérouler à l’Épée de bois, situé rue Mouffetard, c’est à dire à dix-quinze minutes à pied de mon parking parisien habituel. Il s’agit d’un petit cinéma de quartier classé Art et d’Essai composé de deux petites salles de moins de 100 places. L’écran est un peu petit mais l’espace entre deux rangées de siège est assez important, ce qui évite de s’ankyloser trop vite. La séance d’ouverture avait fait le plein, celles du week-end permettaient par contre de trouver quelques places au commencement de la projection. Manifestement, le festival a réussit à trouver son public (un peu de tous les âges et moins asiatique que je ne l’aurai pensé), la petitesse de la salle 1 permettant d’avoir plus facilement cette impression.
Avec ses petit·e·s camarades mangaversien·ne·s (a-yin, mais aussi Pierre et Tanuki à deux occasions) votre serviteur a vu quatre des sept films proposés dont deux se sont révélés réellement excellents, dans deux registres différents, l’un étant comique, l’autre dramatique. Voici donc, à l’instar du programme Portrait de Hong Kong qui s’est déroulé entre les mois d’avril et juin, un petit compte rendu de mes séances « d’images qui bougent » hongkongaises, cette fois automnales.
Where the Wind Blows

J’étais là pour voir Tony Leung et j’ai été bien déçu tant la place du personnage principal a surtout été prise par Aaron Kwok. Surtout, le film a proposé une narration confuse, sautant d’une époque (de 1940 à 1970) à l’autre par bons de 10 ans, avec régulièrement des analepses, sans que ça soit toujours très clair. J’avais tendance à mélanger les personnages dans leur jeunesse (malgré des jeunes acteurs ressemblants, il faut le reconnaître). La reconstitution de la ville lors des trente décennies couvertes par l’histoire était impressionnante, on voyait que le film avait bénéficié d’un gros budget (il s’agit d’une coproduction entre la chine continentale et l’île). De plus, il y avait pas mal de longueurs à certain moments, des passages esthétisants qui n’apportaient rien au récit, et je ne parle pas des parties dansées qui tombaient régulièrement comme des cheveux sur la soupe. Bref, c’était souvent long, très long à regarder. La seule chose à retenir est que la police de Hong Kong a été vraiment corrompue pendant de nombreuses années, tout comme une grande partie de la colonie britannique, qu’elle soit l’origine de sa population : chinoise, indienne ou anglaise.
Over My Dead Body

Dans ma toute nouvelle culture cinématographique hongkongaise, il me manquait un film comique. C’est donc chose faite. La première partie est tout simplement hilarante tant les mimiques des actrices et acteurs sont réussies, la seconde est parfois un peu longuette. En plus, et je ne l’avais pas prévu, il y a Jennifer Yu parmi les rôles principaux, même si on ne la voit plus trop à un certain moment. Dans sa première moitié, le film nous propose donc en permanence des scènes délirantes qui s’insèrent impeccablement dans le récit. C’est du grand n’importe quoi, mais du n’importe quoi réussi. Il faut dire que les protagonistes ont toutes et tous des problèmes, parfois sérieux, ce qui les amène à avoir souvent un comportement excessif. Pourtant, au delà d’une sorte de grand-guignol qui part un peu dans tous les sens, tout s’explique à la fin. C’est vraiment brillant. De plus, le réalisateur n’oublie jamais de placer dans son film quelques remarques sur certains comportements ou sur les dérives actuelles de la société hongkongaise, à commencer par celles liées aux excès du marché de l’immobilier ou à la difficulté de vivre tranquillement dans une période de marasme économique.
Back Home

Il s’agit là d’un film d’ambiance plus que d’épouvante (et encore moins d’horreur) avec un récit qui alterne le présent, le passé et le rêve (ou plutôt les cauchemars) dans un lieu où les fantômes semblent régner en maitre sur tout un étage d’un immeuble plutôt délabré. Il m’est difficile de dire si je l’ai apprécié tant je ne sais pas quoi en penser. Je pense que le manque de références culturelles joue pour beaucoup. Le temps n’est pas passé lentement, c’est plutôt bon signe. Quoi qu’il en soit, le quartier où se déroule l’histoire ne donne pas envie de vivre à Hong Kong tant il semble triste et en pleine déréliction. Je ne parle même pas des ambiances glauques à l’intérieur de l’immeuble… Difficile d’en parler, il vaut mieux le voir (et ne pas détester les fins très ouvertes).
In Broad Daylight

Si je suis allé sur Paris un dimanche après-midi pour voir un film dramatique, c’était bien pour son actrice principale, Jennifer Yu. Cependant, le sujet, celui des maisons / foyers d’accueil pour personnes âgées en perte d’autonomie et pour handicapés mentaux, m’intéressait. Bien m’en a pris tant il s’agit du meilleur film du festival, et peut-être même de tous les films hongkongais que j’ai pu voir cette année. Il a même réussi à m’arracher une ou deux « larmichettes » à certains moments, alors que je suis plutôt du genre peu sensible. Il faut dire que de nombreuses situations sont très dures et d’autres assez poignantes. Heureusement, le réalisateur a su ne pas trop « tartiner » son récit de scènes mélodramatiques, celles-ci ne fonctionnant pas trop en général alors même que les actrices et acteurs jouent magnifiquement leur rôle, y compris dans leur handicap. Leur détresse, mais aussi leurs petites joies sont souvent touchantes. Il y a par ailleurs un autre discours dans le film qui montre la disparition du journalisme d’investigation, généralement lié au déclin de la presse écrite. Dernier point appréciable, le réalisateur montre sur la fin que les choses ne sont pas toutes bonnes ou mauvaises, que rien n’est simple et que les meilleures intentions du monde ne débouchent pas nécessairement sur un résultat positif, que l’on peut faire du mal en voulant faire ce qu’on pense être le bien.
Ce festival, peut-être un peu trop court et ramassé dans le temps, s’est révélé être une excellente surprise grâce à une programmation variée, intéressante et surtout actuelle. Si tous les films ne peuvent pas plaire, ils sont invariablement intéressants par ce qu’ils montrent du Hong Kong actuel. D’ailleurs, de notre point de vue d’Européen particulièrement favorisé et ethnocentré, les œuvres proposées par le FFHKP nous décrivent globalement une ville / région qui ne donne pas trop envie d’y vivre, même présentée à travers une comédie. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’une vue partielle, née d’une création artistique cherchant à porter un propos. Comme un peu partout dans le monde, la période actuelle est plutôt difficile à vivre, notamment à Hong Kong avec la mainmise politique et économique de la Chine continentale de plus en plus prégnante. C’est ce réalisme qui rend cette programmation si intéressante, qui donne envie de revenir l’année prochaine pour une quatrième édition.






















