Formula Bula fait pschitt

Pour le petit groupe parisien de Mangaversien·e·s, la fin du mois de septembre a ouvert le bal des festivals BD. Tout d’abord avec Formula Bula, suivi de Y/CON début novembre, de SoBD un mois plus tard et, en point d’orgue, le FIBD d’Angoulême fin janvier. Nous savions que nous commencions par le moins intéressant, mais nous n’imaginions pas que, dans sa nouvelle configuration, il serait à ce point raté. Voici notre petit retour d’expérience visiteur.

Pour ma part, je n’attendais rien de bon de cette édition, n’ayant pas une grande appétence pour la BD expérimentale, son seul intérêt pour moi étant d’être proche de mon parking parisien habituel. Ayant vu le programme de cette année et, surtout, vu le nouveau lieu du festival, principalement l’ancien campus de l’université de Censier (les nombreux autres sites participants n’ayant rien d’intéressant à proposer), seule la possibilité de voir quelques connaissances sur et autours des stands au Village des éditeurs m’a motivé pour faire le déplacement. De ce côté, c’est plutôt réussi, même si je n’ai pas pu discuter avec les responsables des maisons d’édition çà et là ou Lézard Noir. Grâce aux différentes rencontres avec des bulledairiens, des membres du groupe Facebook J’AI et quelques autres connaissances trouvées sur tel ou tel stand, sans oublier les dédicaces obtenues par mes camarades, l’après-midi n’a pas été gâché. Mais pour le reste…

Cela a mal commencé avec une absence de panneautage. Passant par l’entrée principal du bâtiment, nous n’avons trouvé aucune indication sur l’emplacement des rencontres et du Village des éditeurs. Il y avait heureusement un panneau indiquant, avec deux flèches allant dans des directions opposées (si si !), l’atelier Manga Miam animé par la traductrice Miyako Slocombe, atelier basé en partie sur la série La Cantine de minuit (Yarô Abe, au Lézard Noir). Nous y sommes arrivés avec presque une demi-heure de retard (sur 1h30), ce qui est regrettable étant donné qu’il était intéressant, interactif, avec une bonne participation du (notamment jeune) public. Ensuite, incapables de trouver le Village des éditeurs (la raison principale de notre venue, rappelons-le), nous avons dû demander à une personne qui passait par le hall d’entrée où ce foutu Village se trouvait (réponse : au premier étage). À l’entrée sur le campus, il fallait, en fait, prendre l’escalier à droite et ne pas chercher à passer par les grandes portes du bâtiment. L’indiquer clairement était manifestement en option, option non levée par l’organisation. Ceci dit, cette belle preuve d’inorganisation nous a permis d’assister à Manga Miam, donc nous ne pouvons pas nous plaindre.

Surprise ! Sis dans un endroit fermé de petite taille, sans aération, regroupant stands et expositions, le Village des éditeurs est moche, étouffant et peu pratique. Nous sommes vraiment très loin de l’espace (presque) bucolique de la médiathèque Françoise Sagan et du Carré Saint-Lazare. Les deux rangées de petits stands séparées par ce que les organisateurs ont appelé pompeusement « expositions » n’aident pas à circuler. Heureusement, il n’y a pas énormément de monde alors qu’on est samedi après-midi… Les « gros » éditeurs indépendants sont situés dans la partie intérieure du Village, les alternatifs sont tournés vers l’extérieur. La fréquentation des stands, comme souvent, dépend beaucoup de la présence ou non d’autrices, d’auteurs. Par exemple, L’Association a des poids lourds en dédicace, à la plus grande joie des bulledairiens : Emmanuel Guibert, Edmond Baudoin, Vincent Vanoli (entre autres) sont au travail. Et comme il n’y a pas beaucoup de monde, cela permet de discuter et de multiplier les demandes de « petits mickey ». Autre exemple, Agnès Hostache attire du monde sur le stand du Lézard Noir. Sur le stand de çà et là, nous pouvons voir Martin Panchaud et sa machine à dédicace. Il est aussi possible de discuter longuement avec Hugues Micol chez Cornélius, et même de le charrier gentiment sur ses sinogrammes dans Romanji. Il ne faut non plus oublier de passer voir les plus petits stands car il y a toujours moyen de trouver quelques titres difficiles à trouver en librairie et même rencontrer son auteur ou son autrice, à l’exemple de Maou et de son Fleur de prunier édité chez un petit éditeur de Lausanne ou acheter le dernier numéro de Rita, une revue montreuilloise (Montreuil Powa !).

Outre les dédicaces, c’est aussi le moyen de se retrouver « en vrai », de dépasser la virtualité des réseaux sociaux, des forums et autres blogs. Ainsi, le noyau parisien du groupe Facebook J’AI en profite pour se voir (maintenant, il faut que je trouve un membre dessinateur pour qu’il me réalise un portrait sur ma carte de membre papier). Nous pouvons aussi croiser telle ou telle connaissance, ou journaliste spécialisé, et échanger quelques mots à cette occasion. Voilà pour le côté positif du Village des éditeurs et ce qui justifie notre présence. Malheureusement, comme déjà dit, le lieu est inadapté : il est trop petit et absolument pas ventilé, ce qui en ces temps de reprise du COVID, n’est pas très malin… et de toute façon mauvais pour la qualité de l’air respiré, car bien vicié en l’occurrence (bonjour les maux de tête au bout d’un certain temps). Il y a aussi l’étrange idée de vouloir placer les « expositions » au centre de la pièce, donc dans le flux du passage des visiteuses et visiteurs, flux qu’on perturbait obligatoirement. Résultat, personne ne s’y arrêtait vraiment, et de toute façon, ça ne donnait pas envie. C’est d’autant plus dommage que même si ce n’était pas des « expositions » à proprement parler vu leur configuration, il y avait matière à lire et à mieux connaître les autrices et les auteurs concerné·e·s.

Je ne parlerai pas des rencontres organisées dans un énorme amphi qui devait résonner bien vide, nous n’avons assisté à aucune d’entre-elles. Concernant les concerts, vu la petitesse et l’emplacement de la scène, placée le long d’un mur, ça devait être bien nul et très loin de ce qui nous était proposé il y a quelques années au Point éphémère. Bref, lorsque je lis la communication et la satisfaction de l’organisation à l’occasion de cette édition, et que je pense à mon ressenti, je me dis qu’il y a comme un décalage. Pour moi, on a atteint cette année le fond (ce ne peut être un sommet) de l’inorganisation et de l’inintérêt. Je dois avouer qu’il s’agit une manifestation pour laquelle je n’ai jamais eu un grand intérêt par le passé (surtout comparé à Pulp Festival et à SoBD). Heureusement, l’entrée est gratuite et ça permet de rencontrer du monde. Mais, comme dirait un vieux con, c’était « moins pire » avant…

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